Sernin est le diminutif populaire de Saturnin. Envoyé en Gaule par le pape Fabien avec six autres évêques
(dont saint Martial, premier évêque de Limoges), il évangélise Pampelune puis Toulouse. En 250 sous Dèce,
attribuant le silence des oracles à ses passages fréquents, des prêtres païens lui demandent d'honorer
Jupiter (culte impérial officiel) en lui sacrifiant un taureau. Son refus vaut à saint Saturnin d'être
attaché au taureau du sacrifice.
La Passion, écrite au début du cinquième siècle, raconte que le taureau, pris d'une rage folle, descend à toute allure les marches de l'escalier monumental du Capitole romain, temple de la triade capitoline (Jupiter, Junon et Minerve), traînant derrière lui l'évêque. Son cou se brise, son crâne se fracasse dès les premiers mètres, contre une borne. Ce temple était au nord du forum romain, à l'emplacement de la place Esquirol actuelle.
Après avoir parcouru le cardo romain (les rues des Changes et Saint-Rome actuelles, le decumanus correspondant à la rue de Metz), le taureau aurait rejoint la campagne en passant par la porte nord (ou Porterie, recouverte par la place du Capitole actuelle) de la ville, alors protégée par des remparts. Il aurait abandonné saint Saturnin sur la route de Cahors, l'actuelle rue du Taur (pour taureau), lui donnant ainsi le nom qu'on lui connaît aujourd'hui.
Le corps sans vie du malheureux fut recueilli par les saintes Puelles, deux jeunes femmes.
Elles l'inhumèrent à l'endroit exact où son corps fut trouvé,
dans un fossé assez profond pour que les païens ne puissent pas profaner la dépouille.
Le taureau sera achevé un peu plus loin, au lieu nommé depuis Matabiau
(de matar = tuer et biau = bœuf), où la gare de train fut construite. Ainsi, le chemin de fer prolonge bien au-delà de Toulouse la mémoire du chemin tracé par le taureau, dont la ville garde imparfaitement le souvenir depuis le premier lieu de sépulture du maryr : rue du Taur et rue Matabiau, une partie ayant été rebaptisée rue de Rémusat.
Saint Saturnin est alors un des premiers et rares évêques martyrs en Gaule, ce qui explique peut-être sa popularité dans toute la Gaule. L'empereur Dèce mourra lui-même en 251.
Après une période de latence, son culte se développa très rapidement sous l'impulsion des premiers évêques toulousains. Saint Hilaire, évêque au quatrième siècle (358-360), fit construire une petite église en bois, un oratoire sur la tombe du martyr, memoria ou martyrium, sans que l'on ait trouvé de trace archéologique à ce jour. Cette église devint bientôt un important lieu de pèlerinage : appelée Notre-Dame-de-Saint-Sernin jusqu'au XVIe siècle, on la connaît aujourd'hui sous le nom de Notre-Dame-du-Taur.
A la fin du IVe siècle, devant l'afflux des fidèles, l'évêque saint Sylve (vers 383-388) décide de construire
un édifice plus grand, achevé en 402 sous l'épiscopat de saint Exupère (vers 400-412).
Cette basilique Saint-Sernin primitive correspond à la crypte supérieure de la basilique actuelle.
Entre 403 et 408, saint Exupère organise le transfert des reliques du premier martyr toulousain dans la nouvelle basilique. A cette occasion, il fait rédiger les actes officiels du martyre (connus sous le nom de Passio antiqua), sous forme d'un panégyrique reprenant vraisemblablement des textes antérieurs. D'une très grande sobriété, ils peuvent être considérés comme un des documents les plus vénérables de l'Eglise des Gaules, aux côtés des actes des martyrs de Lyon. Mgr Jean Rocacher avance l'hypothèse d'un deuxième martyrium à l'emplacement du début du supplice, soit le podium du forum romain. Cet édifice même construit par le Duc Launebode de Toulouse, cité dans le poème que lui adressa Venance Fortunat (530-609), évêque de Poitiers et chapelain du célèbre monastère Sainte-Croix fondé par sainte Radegonde. Cet oratoire a pu devenir l'église Saint-Pierre-Saint-Géraud, détruite en 1846 pour faire la place Esquirol (anciennement place de la Pierre) et dont il ne subsiste que l'impasse Saint-Géraud.
Relayé par quelques grands écrivains
mérovingiens (Césaire d'Arles, Grégoire de Tours, Fortunat, etc.), le culte de Saturnin se répand dans toute la Gaule,
principalement à l'intérieur des limites du royaume wisigothique, mais aussi dans le reste du territoire. On voit se fonder
des églises sous son patronage, des reliques circuler et devenir elles-mêmes objet d'un culte propre.
A Toulouse, un pèlerinage s'organise autour de la basilique élevée par saint Sylve.
Mais le pèlerin qui vient se recueillir sur sa tombe est fortement incité à visiter les autres lieux honorés
de son souvenir : celui de son supplice et celui de sa première sépulture. Dans chaque église où son nom est invoqué,
on prend soin de réunir un dossier contenant non seulement les textes destinés à l'édification des fidèles,
mais aussi les pièces liturgiques nécessaires à la célébration de son office. Ces dossiers sont communément désignés
sous le nom de libelli. D'existence fort ancienne, ils étaient constitués pour la commodité du culte et
la diffusion de la dévotion envers un saint particulièrement vénéré dans un centre de pèlerinages.
Les pèlerins les emportaient volontiers avec eux, pour garder un témoignage de leurs dévotions. Beaucoup de ces libelli
ont disparu à cause de leur fragilité due à l'usure. Le dossier de saint Saturnin contenu dans le manuscrit de la
Bibliothèque nationale (Nouv. Acq. Lat. 613) en est un des plus précieux, car il nous donne l'intégralité des trois légendes
qui ont été composées en l'honneur de Saturnin, en respectant leur ordre de création.
En 632, à la mort du Roi de Toulouse Aribert (et de son fils en bas âge quelques jours après, peut-être empoisonné), son frère Dagobert, Roi des Francs, envoie le Duc Baronce se saisir du trésor toulousain et des reliques de saint Saturnin, pour les transporter à Saint-Denis. Quelques années après, les Toulousains envoient des députés auprès des moines de Saint-Denis, pour se plaindre des calamités causées par l'absence des reliques : les fruits ne peuvent venir à maturité, les femmes mettre des enfants au monde... Ils obtiennent alors de l'échanger contre les reliques de trois saints : Patrocle, évêque martyr de Gap, de Romain, prêtre à Blaye, et d'Hilaire, évêque de Mende.
Au début du IXe siècle, se constitue à Saint-Sernin une communauté de chanoine réguliers. Ce n'est qu'en 1080 qu'est commencée la construction de la basilique romane actuelle. Le 24 mai 1096, le bienheureux pape Urbain II, venu demander au comte Raymond de conduire la première croisade, consacre l'autel et la basilique. (Cinq ans plus tard, en Catalogne, l'église Sant Sadurní de Castellví de la Marca est consacrée le 29 avril 1101, en mémoire du « martyr évêque de Toulouse de Languedoc ».) Le tombeau de saint Saturnin sera élevé dans un baldaquin gothique construit entre 1258 et 1265. L'opération se répètera au XVIIIe siècle dans le baldaquin baroque.
La Saint-Saturnin est fêtée le 29 novembre.
Les évêques successeurs furent :
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Il est maintenant courant de qualifier ainsi la capitale du Languedoc. L'expression est consacrée en 1910 dans le guide touristique Trois jours à Toulouse la ville rose édité par Labouche.
On s'accorde généralement pour en attribuer l'origine à la brique de construction, qui domine dans la cité et le pays alentour (par nécessité, la pierre se trouvant assez loin, dans les Pyrénées). Pourtant, la brique est objectivement orange, parfois même jaune, jamais rose.
Pour comprendre, il faut revenir plus de 100 ans en arrière, à la Belle Epoque. En ce temps-là, tout comme « on montait à Paris » pour aller voir les « filles de petite vertu » à Pigalle, « on montait à Toulouse » pour aller sur le bien nommé « Pont des demoiselles » (déjà connu ainsi en 1814, lors de la bataille napoléonienne), voir ces dames vêtues de rose que le peintre Henri de Toulouse-Lautrec a si bien immortalisées.
L'anecdote n'est certes pas empreinte de sainteté. Ainsi, au siècle du développement de l'enseignement républicain, on a préféré raconter une histoire plus convenable aux enfants, quitte à opérer une petite confusion sur la palette des couleurs...
Le 18 août 2019, un journal local s'en est fait officiellement l'écho.
Jusqu'à la Révolution | place Saint-Etienne, actuelle Préfecture de Région |
1802-1905 | rue Croix-Baragnon, Hôtel de Ciron, actuel Palais Consulaire (CCI) |
1911-1933 | 8, place du Parlement, Couvent de l'Inquisition, aujourd'hui Couvent des Réparatrices |
Depuis 1933 | rue Perchepinte, Hôtel de Castelpers |
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(*) En 1456 le Comminges est rattaché à la couronne de France et perd ainsi son autonomie.
Que sait-on de la vie de saint Saturnin ? Peu de choses : que saint Papoul et saint Honeste furent ses disciples.
Mais il apparaît que son influence s'est étendue sur la Gaule entière, en témoignent les noms de lieu et autres églises suivants (carte ci-contre), cela un siècle avant saint Martin.
Il faut le distinguer de saint Ser, pour Servius, ermite originaire de Lyon venu chercher refuge près de Puyloubier (13) au Ve siècle, en altitude, au pied d'une falaise. Il meurt en martyr du temps des Wisigoths du roi Euric (420-484).
Noms de villes ou villages |
Eglises, monastères | Noms de lieux |
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(01) St-Sorlin-en-Bugey (St-Saturnin-de-Cuchet) ![]() (11) Mas-Stes-Puelles |
(03) Cusset, église St-Saturnin (04) La Rochette, église St-Saturnin (04) Villeneuve, église St-Saturnin ![]() (07) Le Teil, église St-Etienne et St-Saturnin (09) Bensa (Lavelanet), chapelle St-Sernin (09) Daumazan-sur-Arize, église St-Sernin (09) St-Ybars, chapelle St-Sernin (09) Soueix-Rogalle, chapelle St-Sernin (11) Belpech, église St-Sernin, XVI° (11) Escueillens, église St-Saturnin (11) Palairac, église St-Saturnin (11) Pouzols-Minervois, église St-Saturnin, fin XI° (11) St-Hilaire, abbaye St-Sernin jusqu'au 22 février 970 (11) Salsigne, église St-Saturnin (12) Agen d'Aveyron, monastère St-Sernin (12) Cherbonnières, église St-Saturnin (13) St-Savourin, église St-Saturnin (15) St-Cernin, égl. St-Saturnin (16) Brie-sous-Chalais, église St-Saturnin (16) Celettes, église St-Saturnin (16) Chadurie, église St-Saturnin (16) Chaseneuil-sur-Bonnieure, église St-Saturnin (16) Condac, église St-Saturnin (16) Lamérac, prieuré St-Saturnin (16) Malaville, église St-Saturnin (16) Montbron, cave de St-Sornin (16) Nonaville, église St-Saturnin (17) Meschers-sur-Gironde, église St-Saturnin (19) Brive, église St-Sernin (26) St-Sorlin-en-Valloire, église St-Saturnin (27) Hondouville, église St-Saturnin (27) Piencourt, église St-Saturnin (27) Venon, église St-Saturnin (28) Voves, église St-Saturnin (28) Ymonville, église St-Saturnin (30) Aimargues, église St-Saturnin (30) Pont-Saint-Esprit, église St-Saturnin (30) Pompignan, église St-Saturnin (31) Ayguesvives, égl. St-Saturnin, 1500 (31) Calmont, église St-Sernin, XVII° (31) Merville, église St-Saturnin ![]() (31) Vieille-Toulouse, église St-Sernin (31) Villenouvelle, égl. St-Saturnin, XVI° (31) Villenouvette, église St-Sernin (disparue) (31) Toulouse, basilique St-Sernin (32) Flamarens, église St-Saturnin (32) Aignan, église St-Saturnin (32) Urdens, église St-Saturnin (33) Baurech, église St-Saturnin (33) Berson, église St-Saturnin (33) Blaignac, église St-Saturnin (33) Braud-et-Saint-Louis, église St-Saturnin (33) Brouqueyran, église St-Saturnin (33) Mauriac, église St-Saturnin (33) Montagoudin, église St-Saturnin (33) Pompéjac, église St-Saturnin (37) Tours, église St-Saturnin (40) Brassempouy, église St-Saturnin (41) Blois, église St-Saturnin (44) Nantes, église St-Saturnin (46) Camburat, église St-Saturnin (46) Le Bourg, église St-Saturnin (46) Puy-l'Evêque, église St-Sernin (47) Labarthe, église St-Sernin, XIX° (50) Avranches, église St-Saturnin (à droite) (65) Loubajac, église St-Saturnin (65) Pouzac, église St-Saturnin (66) Boule d'Amont, église St-Saturnin (66) Enveitg, église St-Saturnin (66) Montauriol, église St-Saturnin (66) Pézilla-la-Rivière, cimetière, chapelle St-Saturnin (66) Tresserre, église St-Saturnin (66) Vernet-les-Bains, église St-Saturnin (76) Ancourt, église St-Saturnin (76) Les Authieux sur le port Saint-Ouen, église St-Saturnin (79) Le Tallud, église St-Saturnin (81) Cagnac-les-Mines, église St-Saturnin (81) Cahuzac-sur-Vère, église St-Sernin (81) Cuq-Toulza, église St-Saturnin (81) Escoussens, église St-Saturnin ou St-Sernin (81) St-Sernin (Graulhet), église St-Saturnin (81) Lautrec, église St-Sernin-de-Canoubres (81) Lombers, église St-Sernin (81) Labastide-Rouairoux, église St-Saturnin (81) Montcabrier, église St-Sernin (81) Puygouzon, église St-Sernin-d'Entremont (81) St-Gauzens, église St-Saturnin-de-Gourgoy (81) St-Sernin-lès-Lavaur, église St-Sernin (81) Villeneuve-lès-Lavaur, église St-Saturnin (82) Bourg-de-Visa, église St-Sernin-des-Pentiers, début XII° (82) Lauzerte, église St-Sernin-du-Bosc, fin XI° (82) Nohic, église St-Saturnin (85) Sigournais, église St-Saturnin (86) Chouppes, église St-Saturnin (92) Antony, église St-Saturnin (94) Champigny, église St-Saturnin (94) Nogent-sur-Marne, église St-Saturnin (95) Buhy, église St-Saturnin (E) Aguilar de Bassella, St Sadurní del Castell (E) Betrén, église Sant Sadurní, XII° (E) Clarà, église Sant Serní, 1630 (E) Fonollet, église Sant Sadurní,1167 (E) Gavarra, église Sant Cerni (E) Pampelune, église San Cernin (E) Vilavenut, égl. St Sadurní, 1159 (à gauche) (E) Sant Sadurní d'Esperan (E) Sant Sadurní de Callús (E) Sant Sadurní de Castellví de la Marca (E) Sant Sadurní de Collsabadell (E) Sant Sadurní de Fustanyà, X° (à droite) (E) Sant Sadurní de Gallifa (E) Sant Sadurní de la Llena (E) Sant Sadurní de la Roca del Vallès (E) Sant Sadurní de Malanyeu (E) Sant Sadurní de Rotgers (E) St Sadurní de Tavèrnoles, abb. bénédict. IX° (E) Sant Serní del Grau ou de Vilamantells, XII° (Ge) Sanctuaire Saint-Sernin (par des Toulousains en 1892), anciennement de la Trinité, près de Tbilissi (alors Tiflis en Russie) |
(03) Vichy, rue Sornin ![]() ![]() ![]() Cloches(31) Montauban-de-Luchon, cl8 Saturnin (Pourcel 1880) |
Les goigs sont des chants de louange catalans.
Goig d'Aguilar de Bassella Molts miracles haveu fet en vostra santa vida i mort, los dimonis haveu tret curat malalts, cegos i torts. Alcanceu de Déu per nós, la salut als desganats: Sadurní Sant gloriós siau lo nostre advocat. |
Goig de Sant Serni Aquest poble us venera com a patró principal, deslliureu-lo de tot mal per avui i sempre espera, alcançar d'eixa manera gràcies especials en Vós: No ens deixeu ara, ni mai, Sant Serni, màrtir gloriós. |