Né à Arreau (65), Exupère fut l'un des tout premiers successeurs de saint Saturnin à la tête des chrétiens toulousains. Il devient patron d'une nouvelle annexe de la cathédrale Saint-Etienne, érigée le 2 janvier 1807 par Mgr Primat (premier Archevêque concordataire de Toulouse) aux côtés de saint Michel, dont la paroisse venait d'être transférée dans cette ancienne chapelle des Carmes déchaussés. Cette dernière fut rendue au culte le 9 avril 1806 par décret impérial (l'église Saint-Michel avait été démolie en 1794 et ses paroissiens avaient rejeté leur affectation dans l'église des Récollets) après avoir abrité des serres chaudes dans les chapelles latérales, et un atelier d'abattage et de salage des porcs pour la Marine.
Virebent et Comby réalisent la chaire en 1808. Une croix de mission est installée en 1819 (renouvelée en octobre 1877 avec le chemin de croix, disparu depuis). La faculté de médecine s'installe en 1820 dans l'ancien couvent. La confrérie des Pénitents blancs trouve refuge dans l'église en 1822, avant de disparaître définitivement après 1830. En 1836, l'abbé Pierre-Marie-Joseph Douarre (1767-1842) y fait transférer depuis le musée des Augustins, huit des quinze toiles peintes par Jean-Baptiste Despax en 1754 pour les caissons du plafond de la chapelle des Pénitents gris (rue éponyme, disparue depuis). La sacristie actuelle est installée définitivement en 1837 dans la chapelle du Saint-Enfant-Jésus, afin de libérer une salle de l'ancien couvent, à la demande du Directeur du Jardin des plantes et de l'Ecole de médecine. Les vitraux datent de 1837 (Berges) à 1861 au moins. L'église abrite en sa chapelle haute, l'autel en bois doré que François Lucas a réalisé, à l'âge de 28 ans, pour la chapelle (détruite en 1793 par « quocquins ») du château de Saint-Elix à la demande du comte J. Charles Ledesme. Cet autel était alors orné de deux anges adorateurs que l'on peut voir aujourd'hui de part et d'autre du maître autel de La Daurade.
Le clocher actuel se dresse à 35 m avec sa flèche. Le 25 juin 1622, deux Carmes déchaussés envoyés d'Avignon arrivent à Toulouse pour être immédiatement installés, le 30 juin par lettres patentes du Roi Louis XIII à Toulouse, hors les murs devant la porte Montgaillard (extrémité sud-est de la rue Théodore-Ozenne actuelle). Par l'intercession de Madame de Vézian, veuve d'un conseiller du Parlement tout proche, l'acquisition d'une maison permet à Mgr Jean-Louis de Bertier, évêque de Rieux, de consacrer une première chapelle le 8 septembre 1623. Une fois le couvent achevé, elle est démolie à l'automne 1642 au profit de l'édifice actuel, orienté au sud-ouest et consacré par l'évêque de Montauban le 25 mai 1665 à saint Joseph (dont la statuaire de Gervais Drouet demeure en façade). A la révolution, bien que le Provincial des Carmes déchaussés, Hyacinthe Sermet, fût élu le 28 mars 1791 Evêque constitutionnel de la Haute-Garonne et Métropolitain du Sud, on abat en 1794 le clocher, quand couvent et jardin sont affectés à l'Ecole de botanique. Le clocher originel semblait de section circulaire et surmonté d'un élégant campanile (voir croquis ci-contre de 1775).
Reconstruit presque à l'identique, le clocher actuel renfermait cinq cloches avant 1877, date de la construction de l'actuel beffroi (par M. Bonis) et du carillon de 13 cloches neuves de M. Lévêque (fondeur à Toulouse). Proposé par un fabricien encouragé par Edouard Filhol, le fondateur du Museum, le carillon est bénit le 7 octobre 1877, lors d'une campagne générale de restauration de l'église par le père Gaussail, sous l'épiscopat de Mgr Desprez. Un cartouche monumental près de la sacristie garde alors la mémoire des pasteurs précédents : MM. Douarre, de Lartigue et Marcou, ainsi que des derniers travaux conduits en 1878 (sculptures des stalles du chœur, dallage en marbre du sanctuaire).
Le campanile de la sacristie a une histoire : dans le courant de l'année 1833, une cloche est donnée anonymement, à condition qu'elle serait placée extérieurement au-dessus de la sacristie (ancienne chapelle de l'Enfant-Jésus) pour être entendue facilement par les fidèles. Une autorisation fut demandée à M. le Maire pour la construction à établir en vue du placement de ladite cloche. On lui donna à son baptême le nom de Pierre. Elle sera descendue plus tard pour rejoindre quatre des autres cloches de l'église (celle de l'horloge a été conservée) aux fins d'échange avec les 13 cloches neuves.
Gaston Salvayre (1847-1916), Grand Prix de Rome en 1872, a grandi au milieu du XIXe siècle dans la maîtrise de Saint-Michel (qui a donc perduré dans le nouveau lieu) avant celle de la Métropole (cathédrale Saint-Etienne). En 1917 fut fêté en grandes pompes le XVe centenaire de saint Exupère.
La paroisse devient indépendante en 1846 (comme cure de 2e classe). De 1993 à 2020, la paroisse Saint-Exupère-Saint-Michel a été confiée aux Augustins de l'Assomption, appelés plus couramment Pères assomptionnistes, avant de revenir au diocèse. Entre 1997 et 2008, les travaux de modernisation du Muséum précisent les limites de la séparation avec l’église.
n° | note | diamètre | poids (kg) | date | fondeur | parrain et marraine | bienfaiteur | nom |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 | ré(#)3 | 1263 | 1216 | 1877 | Lévêque | M. le Curé et la Fabrique | La paroisse | Michel |
☞ LAUDO DEUM VERUM PLEBEM VOCO CONGREGO CLERUM. DEFUNCTOS PLORO. PESTEM FUGO. FULGURA FRANGO. FESTA DECORO. FONDERIE LOUISON |
||||||||
2 | sol3 | 994 | 614 | 1877 | Lévêque | Les présidents et présidentes des Confréries et Congrégations | La paroisse | Exupère |
3 | sib3 | 856 | 398 | 1877 | Lévêque | M. Germain Lagarde et Mlle Anne Gérard | Parrain et marraine | Germain-Anne |
4 | do4 | 745 | 256 | 1877 | Lévêque | M. Jean Campistron et Mlle Jeanne Senac | Parrain et marraine | Jean |
5 | ré4 | 668 | 188 | 1877 | Lévêque | M. Marius Thomas et Mlle J. Victorine Gaussail | Parrain et marraine | Marius-Victorine |
6 | mib4 | 629 | 157 | 1877 | Lévêque | M. Raoul de Fezembat et Mlle Marg. de Fezembat | Parrain et marraine | Raoul-Marguerite |
7 | mi4 | 555 | - | 1837 | Viguier | ancienne cloche des heures | ☞A LA GLOIRE DE DIEU LAN DE J—C 1837 | |
8 | fa4 | 546 | 102 | 1877 | Lévêque | M. Paul Ramond et Mlle J. Françoise Ramond | Parrain et marraine | Paul-Françoise |
9 | sol4 | 483 | 69 | 1877 | Lévêque | M. Bruno Deloume et Mlle Hélène Deloume | Parrain et marraine | Bruno-Hélène |
10 | lab4 | 458 | 68 | 1877 | Lévêque | M. Maxime de Menou et Mlles Yvonne et Marie de Menou | Parrain et marraine | Maxime-Yvonne-Marie |
11 | la4 | 440 | 51 | 1877 | Lévêque | M. Guillaume Arnaud (de l'école des Frères) et Mlle Ders (de l'école des Sœurs) |
Mme Dieulafoy | sans nom |
12 | sib4 | 402 | 40 | 1877 | Lévêque | M. Arthur d'Albis et Mlles Marie-Thérèse et Marie-Marguerite d'Albis | Famille d'Albis | Albis |
13 | si4 | 392 | 34 | 1877 | Lévêque | M. Léonce Delome et Mlle Marie Deloume | Parrain et marraine | Léonce-Marie |
14 | do5 | 359 | 29 | 1877 | Lévêque | M. François Candeil (de l'école des Frères) et Mlle M. Baptiste (de l'école des Sœurs) |
Les enfants des écoles | sans nom |
Les treize cloches de 1877 pèsent au total 3212,5 kg, les treize battants 127 kg, les quatre coussinets 40 kg. Deux sont en volée pour balancer en lancé-franc (grosse cloche et heures), mais elles ne peuvent tourner faute de place.
Les notes rapportées sont celles du clavier, assez proches de notre diapason à 440 Hz. Les cloches sont accordées à l'orgue Théodore Puget (Père et Fils 1885, sur un orgue Poirier 1870) au diapason 427 Hz, soit un demi-ton au-dessous du clavier actuel du carillon. La grosse cloche sonne au quart de ton, mais dégage principalement une tierce majeure avec l'autre cloche de volée : sol-mib.
Jusqu'en 2005, onze étaient électrifiées.
Tous les abat-son étaient en place mais sans grillage. Au bas du clocher se trouvait une vieille console Bach (Metz), encore en fonction,
et une nouvelle par Horlogerie industrielle. On atteint les voûtes après 70 marches.
A mi-hauteur dans l'escalier montant au clocher, on rencontrait l'ancien clavier manuel démantelé depuis lequel sonnait le carillonneur.
En 2006, en même temps que le Muséum d'histoire naturelle, extérieur et intérieur du clocher sont restaurés, tout comme le carillon par la société Bodet (Trémentines). Le clavier est moderne mais l'ancien banc est conservé. Les quatorze notes sont raccordées, quatre cloches sont accessibles depuis un pédalier pour jouer les sonneries traditionnelles. Tout cela se mérite après 87 marches.
Inauguration du carillon restauré, 9 avril 2006
Le haut des différents escaliers, totalisant 103 marches, nous mène dans la chambre des cloches.
L'Angélus est sonné à 8h20 (en semaine, sinon 8h55), midi et 19h (après l'heure) : trois coups sur sib suivis sauf le matin d'une antienne mariale, répété trois fois, conclu par le même sol en volée (le bourdon s'y ajoute pour les grandes fêtes carillonnées). L'antienne est selon le mois l'Ave Maria de Lourdes, un Je vous salue Marie ou Salve Regina. (Au début du XXe siècle, alors que l'Angélus était sonné à 5h du matin et qu'on signalait prudemment au carillonneur que cela était bien matinal, il répondait invariablement : « Rien n'est trop beau pour Saint-Exupère ! »)
Le calendrier liturgique peut donner l'occasion d'une hymne plus adaptée : Chrétiens, chantons le Dieu vainqueur à Pâques et à l'Ascension, Viens, Esprit de sainteté à la Pentecôte, Je vous salue Marie à l'Assomption, Litanie des saints à la Toussaint, La Légende de saint Nicolas à la saint Nicolas, Salve Regina à l'Immaculée Conception, Il est né le Divin Enfant à Noël, Marche des Rois à l'Epiphanie, et divers noëls autour de Noël. Lors des fêtes patronales de saint Exupère et saint Saturnin (resp. 28 septembre et 29 novembre), c'est le Grand Taur qui est joué à 17h (après l'heure).
A Pâques et Pentecôte depuis 2017, la Résurrection est fêtée par les hymnes et antiennes pascales, ces 4 jours fériés (lundis compris) à 16h et 17h (après l'heure). Saurez-vous les reconnaître (cliquez ici pour la réponse) ? Chaque samedi et dimanche à 16h et 17h (après l'heure) depuis 2007, des comptines sont sonnées à destination du jardin d'enfants tout proche : les avez-vous reconnues (cliquez ici pour la réponse) ? Et comme le veut la tradition toulousaine, chaque concert est introduit et conclu par une sonnerie rappelant le martyre de saint Saturnin.
Au clair de la lune (mp3 - 22 s - 359 ko) - 20 juin 2017
Du 18 avril 2019 à janvier 2024, après l'incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris, la mélodie de la comédie musicale éponyme de Luc Plamondon (inspirée du roman de Victor Hugo) : Belle a été ajoutée au programme. Ainsi, Quasimodo a pleuré tous les week-ends, jusqu'à ce que sa Belle se refasse une beauté.
Depuis le mois de novembre 2020, après un essai de 5 mois avec Se canta, c'est maintenant le Laudate Mariam qui est égrené aux demi-heures en journée.
Depuis 2016, la Marseillaise est sonnée le 14 juillet à 10h55 et 21h02, ainsi que le 8 mai et le 11 novembre (où elle est précédée par le glas de Louis Vierne) à 10h55 depuis 2020. Elle a également été sonnée pour l'Euro 2016 de football : aux coups d'envoi de la demi-finale (France-Allemagne) et de la finale (France-Portugal), ainsi que pour célébrer la victoire en demi-finale.
La Marseillaise - Claude Joseph Rouget de Lisle (mp3 - 1 min 2 s - 988 ko) - 7 juillet 2016 sur l'automate
Déjà en 1882, 1892 et 1893, le bulletin municipal indique pour le 13 juillet : « A 8 heures du soir, les cloches de toutes les paroisses de la ville sonneront pour annoncer la Fête. » ; s'ensuit alors une retraite aux flambeaux partant de la place du Capitole, après avoir exécuté la Marseillaise et le Chant du Départ par « toutes les musiques ». La journée du 14 juillet, annoncée dès 7h du matin par 21 coups de canon et des façades pavoisées, commençe par une distribution de pain aux indigents, et se poursuit par une revue militaire, des mâts de cocagne sur plusieurs places, des jeux nautiques et régates au son de la musique, des courses de vélocipèdes, une nouvelle salve d'artillerie et de nombreuses illuminations à la chute du jour, avant l'éclairage électrique de la place du Capitole et de l'Hôtel-de-Ville, un feu d'artifice sur la Prairie des Filtres, et de la musique jusqu'à minuit au Grand-Rond et place du Capitole. Les bals publics se prolongent jusqu'à une heure du matin.
Le carillon est joué manuellement lors d'occasions exceptionnelles.
Star Wars - John Williams (mp3 - 1 min 15 s - 877 ko) - 6 février 2017 sur l'automate
En 2020, pendant le confinement, 13 concerts de carillons ont été filmés pour être accessibles à tous. Ils sont disponibles sur la chaîne de carillon occitan. Le 1er mars 2022, deux mélodies ukrainiennes sont jouées pour la paix en Europe et spécialement pour Kiev, ville jumelée avec Toulouse : Chtchedryk (Щедрик), légende d'une hirondelle généreuse écrite par Mykola Leontovych en 1916 devenue le très populaire Noël des cloches (Carol of the bells), et la berceuse Kolyskova mogo dytynstva de Daniel et Claudie White. Elles sont depuis incluses au programme des comptines en fin de semaine.
Depuis Noël 2006, la tradition du nadalet a repris à Toulouse. Ici, il est sonné de façon automatique du 16 décembre au 6 janvier en 3 fois 3 minutes : à 17h03, 17h31 et 18h03.
Légende de saint Nicolas (mp3 - 29 s - 468 ko)
Du 17 au 24 décembre, l'angélus est associé au nadalet. C'est une antienne de Noël qui est jouée, avant une volée solennelle sur le bourdon qui dure chaque jour plus longtemps. Comme le veut la tradition, l'antienne change chaque jour, dans l'ordre suivant : Joseph est bien marié, Adeste fideles, Douce Vierge Marie, A minuit fut fait un réveil, Vite levez-vous, Douce nuit, Les Anges dans nos campagnes, Marche et Taur.
Le jour de Noël, on entend Il est né le Divin Enfant. Du 26 décembre au 2 janvier, cet Angélus aux couleurs de Nadalet continue avec la reprise des hymnes dans l'ordre inverse, pour s'acheminer vers l'Epiphanie qui joue en toute logique la La Marche des Rois, et le retour progressif de la durée de sonnerie de volée à sa longueur habituelle.
Du 16 décembre au 6 janvier, le Nadalet prend la forme d'un concert à 17h. Comme tous les concerts toulousains, il débute par une sonnerie traditionnelle à saint Saturnin : le Grand Taur, suivi de Venez Divin Messie, Joseph est bien marié, Adeste fideles, Noël nouvelet, La Légende de saint Nicolas, Douce Vierge Marie, A minuit fut fait un réveil, Douce nuit, Vite levez-vous doux pastoureaux, et conclu par les deux sonneries Marche et Taur, et ce jusqu'à la veille de Noël.
Ensuite, à partir de Noël : le Grand Taur, suivi de Il est né le Divin Enfant, Les Anges dans nos campagnes, Vite levez-vous doux pastoureaux, Adeste fideles, Noël nouvelet, A minuit fut fait un réveil, La Légende de saint Nicolas, Venez Divin Messie, la Marche des Rois, concert également conclu par les Marche et Taur.
Le Père Parant, curé de l'église, ou le carillonneur pour étudier la possibilité d'entendre jouer l'instrument.