Dans l'Ancien Régime, des habitants étaient élus par quartiers de Toulouse avec des attributions politiques, administratives, judiciaires et militaires. Etre capitoul était une fonction noble, parfois anoblissant la famille. On est tenté de faire le rapprochement entre la division de Toulouse en capitoulats, l'élection de capitouls et le choix d'un chef de consistoire, et les arrondissements des grandes villes françaises d'aujourd'hui, l'élection de maires d'arrondissements qui à leur tour élisent le maire.

Les capitouls de 1370 sur une enluminure des Annales manuscrites, BB 273, chronique 73

1147 : le comte Alphonse Jourdain institue un chapitre de 24 consuls, dit capitulum par analogie avec les réunions ecclésiastiques où l'on vote par tête, et désigne un notable pour chacun des six quartiers toulousains.

1152 : le comte Raymond V répartit le chapitre de 12 consuls ainsi : 4 juges, 2 avocats et 6 capitulaires.

1188 : la guerre contre les rois d'Angleterre et d'Aragon permet aux capitouls d'affirmer leur autonomie.
« Le 6 janvier 1189, par un acte solennel, Raimond V, comte de Toulouse, confirme aux capitulaires représentants de la population de la ville les libertés qui fondaient l'indépendance de la municipalité toulousaine. »

L'historien Ernest Roschach (1837-1909) nous apprend que dans le Midi et en Aragon, les corps municipaux prennent ainsi le nom de chapitres, capitula, en roman capitols, d'où les cases capitulares d'Espagne... On parlait donc du Capitol de Tolosa comme Chapitre communal de Toulouse.

1522 : Pierre Salmon, greffier à l'Hôtel de Ville, passionné de la période antique qui latinisait son nom en Salomonis, transforme le Capitol en Capitole : Capitulum en Capitolium, à l'image de celui de Rome ! Deux siècles plus tard, le glissement de sens est institutionnalisé en lettres d'or sur la façade classique dessinée par Guillaume Cammas.

Les Portes de la ville

Les portes de Toulouse en 1347

A sa naissance à l'époque romaine, entre 10 et 30 après J.-C., Toulouse reçoit une ceinture de remparts sur trois kilomètres, comportant 52 tours. Ces premières fortifications sont plus honorifiques que défensives, la paix romaine ayant été établie sous le règne d'Auguste, premier Empereur romain (mort en 14 ap. J.-C.). Elles figurent en pointillés sur le plan ci-contre à gauche (d'après l'Atlas historique des villes fançaises, Hachette, 1996).

La ville est alors agencée autour des deux axes romains rectilignes principaux : le cardo maximus (du Nord au Sud, repris grossièrement par le tracé actuel : Porterie, place du Capitole, rues Saint-Rome, des Changes, des Filatiers, Pharaon, places du Salin et du Parlement, porte Narbonnaise) et decumanus maximums (d'Est en Ouest, au tracé incertain : soit du port de la Daurade, rues de la Daurade, Cujas, Temponières, Peyras, Genty-Magre, Antonin-Mercié, Cantegril, d'Astorg à la porte Saint-Etienne, passant au nord du forum, soit passant au Sud, depuis la porte Saint-Etienne par les rues Croix-Baragnon, de la Trinité, débouchant place du Pont-Neuf, près du vieux pont et du théâtre antique, situé à l'angle des rues de Metz et Peyrolières). Ces deux axes se croisent au forum, situé à l'emplacement actuel de la place Esquirol. On y trouve notamment le Capitole, temple doté d'une façade de 27 mètres, dédiée à la Triade capitoline : Jupiter, Junon et Minerve. Le grand égout collecteur (cloaca maxima), parallèle au cardo, passait sous l'actuelle place des Carmes.

La Passion de saint Saturnin, martyr en 250, nous apprend qu'il y a une porte au Nord de la ville, la Porterie, dont on a retrouvé les vestiges sous la place du Capitole, en son milieu. Suite à ces événements fondateurs de la vie toulousaine, une première église est bâtie et nommée église du Taur. Une seconde doit l'être rapidement, plus au nord dans la campagne : la basilique Saint-Sernin. C'est un véritable Bourg qui se développe, aux lois indépendantes de la Cité antique, et dont la richesse rivalise sans rougir. Sa partie Est est appelée Ville neuve.

Le plan représenté à gauche est celui du Toulouse médiéval, en 1397. Les fortifications et leurs portes ont un rôle à la fois militaire, sanitaire (pour éviter les épidémies qu'apporterait un étranger infecté), de police (contre les coquins, voleurs, Bohémiens, entrants ou voulant sortir), symbolique (les maîtres-maçons sont chargées de mettre « en valeur les portes pour identifier la ville ») et économique (zone d'octroi, barrière à péage, lieu de marchandage du fait des nombreux mouvements d'entrée et sortie). Elles sont alors au nombre de 15 (avec leur localisation actuelle) :

  1. Porte Narbonnaise, à Saint-Michel (place du Parlement, face à la route de Narbonne, successivement Grande Rue Saint-Michel, avenues de l'U.R.S.S. et Jules-Julien)
  2. Porte Montgaillard (rue Ozenne, entre les rues des Escoussières-Montgaillard et Jules-de-Rességuier, escoussière signifiant coursière, rempart en occitan), devant laquelle Simon de Monfort a trouvé la mort, dans les anciens jardins Montoulieu
  3. Porte Montoulieu (place Montoulieu, à l'autre extrémité des rues des Escoussières-Montgaillard et Jules-de-Rességuier)
  4. Porte Saint-Etienne (rue de Metz, à l'Est de la rue du Rempart Saint-Etienne, au nord-est de la Cathédrale), départ de la route d'Albi ??, empruntée par Catherine de Médicis en 1579
  5. Rempart sur le boulevard Armand-Duportal en 2017
  6. Porte Neuve (angle de la rue du Rempart Saint-Etienne et du boulevard Carnot)
  7. Porte Villeneuve (carrefour de la rue Lafayette et de la rue du Rempart Villeneuve), murée en 1562 après l'expulsion des Protestants de Toulouse ; sur laquelle les Capitouls avaient aussitôt installé, dans les superstructures, un petit oratoire contenant une Vierge noire en bois : Notre-Dame de la Délivrance, dite Notre-Dame du Rempart, et flanqué d'un grand crucifix en bois ; tous les deux ont été déposés à l'église du Taur en 1783, à la démolition de la porte, bouchant la rue Lafayette depuis 220 ans
  8. Porte Sardane (place Victor-Hugo, face à la rue Porte Sardane), non reconstruite en 1436
  9. Porte Matabiau (carrefour des rues Bellegarde et Rémusat, face à la rue Matabiau), départ de la route d'Albi ??
  10. Porte Pouzonville (carrefour de la rue Merly et du boulevard d'Arcole, près de la rue Pouzonville)
  11. Porte Arnaud-Bernard (boulevard d'Arcole, au débouché de la place Arnaud-Bernard, près de la rue Escoussières Arnaud-Bernard), dotée d'une grande barbacane, en direction de Paris et de Bordeaux (en occitan Naut Bernat ou encore Naubernat) ; le pas de la porte servait de lieu d’exécution principale jusqu'en 1525, année où l’échafaud fut déplacé sur la place Saint-Georges ; on continua cependant d’y pendre des gens jusqu’en 1751 ; l'expansion de la ville amène à la démolition de la porte en 1832, et à la création du quartier Arnaud-Bernard vers 1850, autour de l'actuelle avenue Honoré-Serres et jusqu'au Canal du Midi
  12. Porte de Las Crosses (boulevard Lascrosses, entre la rue Lascrosses et le boulevard Armand-Duportal, où l'on voit encore plusieurs pans du rempart : voir ci-contre ; Porte Saint-Julien en 1631)
  13. Porte du Bazacle (quai Saint-Pierre, au débouché de la rue de la Boule)
  14. Porte de l'Isle (allées CHarles-de-Fitte, au débouché de la place intérieure Saint-Cyprien)
  15. Porte Taillefer (allées CHarles-de-Fitte, au débouché de la rue des Teinturiers), du surnom du comte Guillaume III de Toulouse, mort en 1037
  16. Porte de Muret (place du Fer à cheval, devant l'avenue de Muret)
Inscription des portes de Toulouse dans la croix occitane, places et églises

Une interprétation zodiacale du plan de Toulouse nous montre, inscrits approximativement dans la croix occitane, les portes, places et églises notables, dont la chapelle Saint-Barthélemy, disparue du quartier du Salin sans laisser de trace.

En 1825, il reste les portes et barrières suivantes :

  1. Porte Saint-Michel (Porte du Château en 1774)
  2. Porte Montgaillard
  3. Porte Montoulieu
  4. Porte Saint-Etienne
  5. Porte Villeneuve (Porte du Ministre en 1631)
  6. Porte Matabiau
  7. Porte Arnaud-Bernard (écrite Porte Naubernat en 1631)
  8. Barrière du Bazacle ou Saint-Pierre
  9. Barrière : Arc de Triomphe du Pont (sur le Pont-Neuf, au débouché du Cours Dillon ; Porte du Pont Couvert en 1631)
  10. Barrière Saint-Cyprien
  11. Barrière du Muret

Les Capitoulats

Les Capitouls sont d'abord au nombre de douze, un pour chaque quartier ou partita : six pour la Cité et autant pour le Bourg. Le chef du consistoire ou maître des capitouls (Capitolis Magister, au milieu à droite sur les enluminures des Annales manuscrites) était indifféremment l'un d'entre eux. Les voici par ordre de préséance :

6 janvier 1189
1189
    Cité
  1. Pa Deauratæ (Daurade)
  2. Pa Pontis Veteris (Pont-Vieux)
  3. Pa Be Marie Dealbatæ (Dalbade)
  4. Pa Sti Petri Sti Geraldi (Saint-Pierre Saint-Géraud)
  5. Pa Sancti Stephani (Saint-Etienne)
  6. Pa Romani (Romain)
    Bourg
  1. Pa Sti Petri de Coquinis (Saint-Pierre des Cuisines)
  2. Pa Crosarum (Les Croses)
  3. Pa Arnaldi Bernardi (Arnaud-Bernard)
  4. Pa Posunvillæ (Pouzonville)
  5. Pa Matabovis (Matabiau)
  6. Pa Villæ novæ (Ville-neuve)

1336 : la population de la Cité ayant grandi, les capitoulats sont redistribués. Deux capitoulats sont créés dans la Cité : Saint-Pierre Saint-Martin (Sti Petri et Martini) et Saint-Barthélemy (Sti Bartholomæ). Deux sont supprimés dans le Bourg : Les Croses et Arnaud-Bernard fusionnent en Saint-Julien (Sti Juliani), Pouzonville et Matabiau en Saint-Sernin (Sti Saturnini). Ville-neuve devient le Taur (de Tauro). Ce dernier aura une existence éphémère : de 1336 à 138, puis de 1401 à 1438.

Statue place Saintes-Scarbes
1336
    Cité
  1. Pa Deauratæ (Daurade)
  2. Pa Pontis Veteris (Pont-Vieux)
  3. Pa Be Marie Dealbatæ (Dalaade)
  4. Pa Sti Petri Sti Geraldi (Saint-Pierre Saint-Géraud)
  5. Pa Sancti Stephani (Saint-Etienne)
  6. Pa Romani (Romain)
  1. Pa Sti Petri et Martini (Saint-Pierre Saint-Martin)
  2. Pa Sti Bartholomæ (Saint-Barthélemy, place du Salin)
  3. Bourg
  4. Pa Sti Petri de Coquinis (Saint-Pierre des Cuisines)
  5. Pa Sti Juliani (Saint-Julien)
  6. Pa Sti Saturnini (Saint-Sernin)
  7. Pa de Tauro (le Taur)

En effet, par ordonnance de 1438 : suppression de quatre capitoulats, réduisant leur nombre à huit, six pour la Cité et deux pour le Bourg. Saint-Pierre Saint-Martin est inclus à la Daurade, Saint-Romain à Saint-Etienne, Saint-Julien à Saint-Pierre-des-Cuisines et le Taur à Saint-Sernin. C'est aussi à cette époque que le nombre de capitouls se fige à un par capitoulat, élu pour un an le 25 novembre.


Les capitouls de 1410 sur une enluminure des Annales manuscrites, BB 273, chronique 109
1438
    Cité
  1. Pa Deauratæ (Daurade)
  2. Pa Pontis Veteris (Pont-Vieux)
  3. Pa Be Marie Dealbatæ (Dalaade)
  4. Pa Sti Petri Sti Geraldi (Saint-Pierre Saint-Géraud)
  1. Pa Sancti Stephani (Saint-Etienne)
  2. Pa Sti Bartholomæ (Saint-Barthélemy)
  3. Bourg
  4. Pa Sti Petri de Coquinis (Saint-Pierre des Cuisines)
  5. Pa Sti Saturnini (Saint-Sernin)

En mai 1562, une conjuration a provoqué de sanglantes journées. Pour y avoir pris part, trois capitouls, Jean de Nos, Jean de Terronde et Antoine Lebrun ont la tête tranchée place Saint-Georges. Le pilori date de 1523, quand la plupart des exécutions se faisaient auparavant sur les places Arnaud-Bernard ou du Salin. Le 11 février 1589, c'est le corps de Jean-Etienne Duranti, premier président du parlement depuis 1581 (et capitoul en 1563), qui est suspendu au pilori de cette même place, après avoir été massacré par les ligueurs (anti-protestants) et traîné par les rues de la ville.

Les capitouls de 1371 sur une enluminure des Annales manuscrites, BB 273, chronique 74

Voici l'ordre de préséance des huit capitoulats à la Révolution, et la couleur associée :

  1. de la Daurade (vert et blanc)
  2. de Saint-Etienne (violet)
  3. du Pont-Vieux (orange)
  4. de la Pierre Saint-Géraud (noir)
  1. de la Dalbade (incarnat)
  2. de Saint-Pierre-des-Cuisines (bleu)
  3. de Saint-Barthélemy (amarante)
  4. de Saint-Sernin (jaune)

Procession des Corps Saints

Les jours de processions générales qui, à Toulouse, se faisaient toujours avec les reliques de l'abbatiale Saint-Sernin, les capitouls devaient fournir une garde armée : douze hommes du guet avec leur capitaine. On faisait alors une « monstras generalas », à l'occasion de laquelle tous les reliquaires étaient « trayctas de fora », c'est-à-dire extraits des cryptes et présentés sur une table d'apparat déployée à l'entrée du déambulatoire, du côté sud, à l'intérieur des grilles. Le clergé venait alors chercher buimstes et châsses en cortège pour qu'ils soient portés à travers la ville. Les capitouls étaient alors solennellement appelés pour aider à extraire les reliquaires des armoires, dont ils possédaient une partie des clefs.

Quelques Capitouls

1225 Pons de Capdenier, riche négociant, bienfaiteur des Dominicains en 1229 pour leur nouveau terrain (église des Jacobins actuelle)
1298 Adhémar d'Astorg
1313 Adhémar d'Astorg
1350 Guilhem Hunaud, chevalier
1370 Bernard Pons, Pierre Carrière, Géraud Arnaud del Pont, Raymond Garaud, Odon de Pins, Fort Taparas, Pierre de Gameville, chef de consistoire, Raymond Pons, Pierre de Montlandier, Pierre de Vigolès, Bertrand de Palais*
1371 Raynaud Barrau, Guillaume Azémar, Jacques Ysalguier, Guillaume Etienne, Bernard de Celles, Pierre Jean, Pierre de Querilhac (Saint-Etienne), licencié ès lois, chef de consistoire, Bertrand de Palais, Bernard Massip, Guillaume Pons de Morlaas, Pierre de Castelnau, Arnaud d'Auribail**
1392 Pierre d'Astorg, seigneur de Montbartier
1393 Pierre d'Astorg, seigneur de Montbartier
1406 Pierre d'Astorg, seigneur de Montbartier
1415 Pierre d'Astorg, seigneur de Montbartier
1427 Pierre d'Astorg, seigneur de Montbartier
1459Azémar de Noalhis
1470 Jean de Saint-Loup
1471Azémar de Noalhis
1490 Jean de Saint-Loup
1556 Jean Faguelin dit le page Marin de Gascons
1557 Jean Faguelin dit le page Marin de Gascons
1562 Jean de Nos, Jean de Terronde et Antoine Lebrun (condamnés à mort)
1620 M. de Montrabé, seigneur du lieu éponyme (8e canton de Toulouse)
1627 Noble Raymond de Couderc
1645 Noble Jean Ceaux
1649 Anne Ferrières, avocat en la cour, seigneur de Lastours
1659 Anne Ferrières, avocat en la cour, seigneur de Lastours
1664 François Nanta, seigneur de Lagarde
1691 Bourgeois Jean Gardel, avocat, chef de consistoire
1768 Nobles Jean-Joseph Gouazé, chef de consistoire, Dominique Dupuy, avocat, Jean-Louis Franc, avocat, Jean-Pierre Gounon, écuyer, Jean-Baptiste Jouve, avocat, Guillaume Perier, avocat, Jean Lassabathié, avocat, Jacques Boyer du Suquet, avocat (mentionnés sur la cloche des Capitouls)

Pour en savoir plus

D'autres capitouls et leurs attributions sur Wikipedia.