Dans l'Ancien Régime, des habitants étaient élus par quartiers de Toulouse avec des attributions politiques, administratives, judiciaires et militaires. Etre capitoul était une fonction noble, parfois anoblissant la famille. On est tenté de faire le rapprochement entre la division de Toulouse en capitoulats, l'élection de capitouls et le choix d'un chef de consistoire, et les arrondissements des grandes villes françaises d'aujourd'hui, l'élection de maires d'arrondissements qui à leur tour élisent le maire.
1147 : le comte Alphonse Jourdain institue un chapitre de 24 consuls, dit capitulum par analogie avec les réunions ecclésiastiques où l'on vote par tête, et désigne un notable pour chacun des six quartiers toulousains.
1152 : le comte Raymond V répartit le chapitre de 12 consuls ainsi : 4 juges, 2 avocats et 6 capitulaires.
1188 : la guerre contre les rois d'Angleterre et d'Aragon permet aux capitouls d'affirmer leur autonomie.
« Le 6 janvier 1189, par un acte solennel, Raimond V, comte de Toulouse, confirme aux capitulaires représentants de la population de la ville les libertés qui fondaient l'indépendance de la municipalité toulousaine. »
L'historien Ernest Roschach (1837-1909) nous apprend que dans le Midi et en Aragon, les corps municipaux prennent ainsi le nom de chapitres, capitula, en roman capitols, d'où les cases capitulares d'Espagne... On parlait donc du Capitol de Tolosa comme Chapitre communal de Toulouse.
1522 : Pierre Salmon, greffier à l'Hôtel de Ville, passionné de la période antique qui latinisait son nom en Salomonis, transforme le Capitol en Capitole : Capitulum en Capitolium, à l'image de celui de Rome ! Deux siècles plus tard, le glissement de sens est institutionnalisé en lettres d'or sur la façade classique dessinée par Guillaume Cammas.
A sa naissance à l'époque romaine, entre 10 et 30 après J.-C., Toulouse reçoit une ceinture de remparts sur trois kilomètres, comportant 52 tours. Ces premières fortifications sont plus honorifiques que défensives, la paix romaine ayant été établie sous le règne d'Auguste, premier Empereur romain (mort en 14 ap. J.-C.). Elles figurent en pointillés sur le plan ci-contre à gauche (d'après l'Atlas historique des villes fançaises, Hachette, 1996).
La ville est alors agencée autour des deux axes romains rectilignes principaux : le cardo maximus (du Nord au Sud, repris grossièrement par le tracé actuel : Porterie, place du Capitole, rues Saint-Rome, des Changes, des Filatiers, Pharaon, places du Salin et du Parlement, porte Narbonnaise) et decumanus maximums (d'Est en Ouest, au tracé incertain : soit du port de la Daurade, rues de la Daurade, Cujas, Temponières, Peyras, Genty-Magre, Antonin-Mercié, Cantegril, d'Astorg à la porte Saint-Etienne, passant au nord du forum, soit passant au Sud, depuis la porte Saint-Etienne par les rues Croix-Baragnon, de la Trinité, débouchant place du Pont-Neuf, près du vieux pont et du théâtre antique, situé à l'angle des rues de Metz et Peyrolières). Ces deux axes se croisent au forum, situé à l'emplacement actuel de la place Esquirol. On y trouve notamment le Capitole, temple doté d'une façade de 27 mètres, dédiée à la Triade capitoline : Jupiter, Junon et Minerve. Le grand égout collecteur (cloaca maxima), parallèle au cardo, passait sous l'actuelle place des Carmes.
La Passion de saint Saturnin, martyr en 250, nous apprend qu'il y a une porte au Nord de la ville, la Porterie, dont on a retrouvé les vestiges sous la place du Capitole, en son milieu. Suite à ces événements fondateurs de la vie toulousaine, une première église est bâtie et nommée église du Taur. Une seconde doit l'être rapidement, plus au nord dans la campagne : la basilique Saint-Sernin. C'est un véritable Bourg qui se développe, aux lois indépendantes de la Cité antique, et dont la richesse rivalise sans rougir. Sa partie Est est appelée Ville neuve.
Le plan représenté à gauche est celui du Toulouse médiéval, en 1397. Les fortifications et leurs portes ont un rôle à la fois militaire, sanitaire (pour éviter les épidémies qu'apporterait un étranger infecté), de police (contre les coquins, voleurs, Bohémiens, entrants ou voulant sortir), symbolique (les maîtres-maçons sont chargées de mettre « en valeur les portes pour identifier la ville ») et économique (zone d'octroi, barrière à péage, lieu de marchandage du fait des nombreux mouvements d'entrée et sortie). Elles sont alors au nombre de 15 (avec leur localisation actuelle) :
Une interprétation zodiacale du plan de Toulouse nous montre, inscrits approximativement dans la croix occitane, les portes, places et églises notables, dont la chapelle Saint-Barthélemy, disparue du quartier du Salin sans laisser de trace.
En 1825, il reste les portes et barrières suivantes :
Les Capitouls sont d'abord au nombre de douze, un pour chaque quartier ou partita : six pour la Cité et autant pour le Bourg. Le chef du consistoire ou maître des capitouls (Capitolis Magister, au milieu à droite sur les enluminures des Annales manuscrites) était indifféremment l'un d'entre eux. Les voici par ordre de préséance :
|
|
1336 : la population de la Cité ayant grandi, les capitoulats sont redistribués. Deux capitoulats sont créés dans la Cité : Saint-Pierre Saint-Martin (Sti Petri et Martini) et Saint-Barthélemy (Sti Bartholomæ). Deux sont supprimés dans le Bourg : Les Croses et Arnaud-Bernard fusionnent en Saint-Julien (Sti Juliani), Pouzonville et Matabiau en Saint-Sernin (Sti Saturnini). Ville-neuve devient le Taur (de Tauro). Ce dernier aura une existence éphémère : de 1336 à 138, puis de 1401 à 1438.
|
|
En effet, par ordonnance de 1438 : suppression de quatre capitoulats, réduisant leur nombre à huit, six pour la Cité et deux pour le Bourg. Saint-Pierre Saint-Martin est inclus à la Daurade, Saint-Romain à Saint-Etienne, Saint-Julien à Saint-Pierre-des-Cuisines et le Taur à Saint-Sernin. C'est aussi à cette époque que le nombre de capitouls se fige à un par capitoulat, élu pour un an le 25 novembre.
|
|
En mai 1562, une conjuration a provoqué de sanglantes journées. Pour y avoir pris part, trois capitouls, Jean de Nos, Jean de Terronde et Antoine Lebrun ont la tête tranchée place Saint-Georges. Le pilori date de 1523, quand la plupart des exécutions se faisaient auparavant sur les places Arnaud-Bernard ou du Salin. Le 11 février 1589, c'est le corps de Jean-Etienne Duranti, premier président du parlement depuis 1581 (et capitoul en 1563), qui est suspendu au pilori de cette même place, après avoir été massacré par les ligueurs (anti-protestants) et traîné par les rues de la ville.
Voici l'ordre de préséance des huit capitoulats à la Révolution, et la couleur associée :
|
|
Les jours de processions générales qui, à Toulouse, se faisaient toujours avec les reliques de l'abbatiale Saint-Sernin, les capitouls devaient fournir une garde armée : douze hommes du guet avec leur capitaine. On faisait alors une « monstras generalas », à l'occasion de laquelle tous les reliquaires étaient « trayctas de fora », c'est-à-dire extraits des cryptes et présentés sur une table d'apparat déployée à l'entrée du déambulatoire, du côté sud, à l'intérieur des grilles. Le clergé venait alors chercher buimstes et châsses en cortège pour qu'ils soient portés à travers la ville. Les capitouls étaient alors solennellement appelés pour aider à extraire les reliquaires des armoires, dont ils possédaient une partie des clefs.
1225 | Pons de Capdenier, riche négociant, bienfaiteur des Dominicains en 1229 pour leur nouveau terrain (église des Jacobins actuelle) |
1298 | Adhémar d'Astorg |
1313 | Adhémar d'Astorg |
1350 | Guilhem Hunaud, chevalier |
1370 | Bernard Pons, Pierre Carrière, Géraud Arnaud del Pont, Raymond Garaud, Odon de Pins, Fort Taparas, Pierre de Gameville, chef de consistoire, Raymond Pons, Pierre de Montlandier, Pierre de Vigolès, Bertrand de Palais* |
1371 | Raynaud Barrau, Guillaume Azémar, Jacques Ysalguier, Guillaume Etienne, Bernard de Celles, Pierre Jean, Pierre de Querilhac (Saint-Etienne), licencié ès lois, chef de consistoire, Bertrand de Palais, Bernard Massip, Guillaume Pons de Morlaas, Pierre de Castelnau, Arnaud d'Auribail** |
1392 | Pierre d'Astorg, seigneur de Montbartier |
1393 | Pierre d'Astorg, seigneur de Montbartier |
1406 | Pierre d'Astorg, seigneur de Montbartier |
1415 | Pierre d'Astorg, seigneur de Montbartier |
1427 | Pierre d'Astorg, seigneur de Montbartier |
1459 | Azémar de Noalhis |
1470 | Jean de Saint-Loup |
1471 | Azémar de Noalhis |
1490 | Jean de Saint-Loup |
1556 | Jean Faguelin dit le page Marin de Gascons |
1557 | Jean Faguelin dit le page Marin de Gascons |
1562 | Jean de Nos, Jean de Terronde et Antoine Lebrun (condamnés à mort) |
1620 | M. de Montrabé, seigneur du lieu éponyme (8e canton de Toulouse) |
1627 | Noble Raymond de Couderc |
1645 | Noble Jean Ceaux |
1649 | Anne Ferrières, avocat en la cour, seigneur de Lastours |
1659 | Anne Ferrières, avocat en la cour, seigneur de Lastours |
1664 | François Nanta, seigneur de Lagarde |
1691 | Bourgeois Jean Gardel, avocat, chef de consistoire |
1768 | Nobles Jean-Joseph Gouazé, chef de consistoire, Dominique Dupuy, avocat, Jean-Louis Franc, avocat, Jean-Pierre Gounon, écuyer, Jean-Baptiste Jouve, avocat, Guillaume Perier, avocat, Jean Lassabathié, avocat, Jacques Boyer du Suquet, avocat (mentionnés sur la cloche des Capitouls) |
D'autres capitouls et leurs attributions sur Wikipedia.