Saint Eloi, patron des fondeurs
Détail du vitrail de la bienheureuse Germaine à l'église Saint-Aubin de Toulouse : les clochers toulousains au crépuscule

Saint Eloi
Patron des fondeurs


En reconnaissance de son merveilleux travail touchant au sacré, l'artisan fondeur était autorisé à porter l'épée, attribut de haute bourgeoisie, distinction surtout réservée à la noblesse. Le titre de bourgeois lui était parfois aussi décerné, comme à ce fondeur de Caen qui signait tous ses contrats Guillaume Jonchon - Maître fondeur - Bourgeois de Caen.

Dpt Lieu Fondeur Date
09 Carla-Bayle XIVe à Carla-Bayle
09 La Bastide-de-Besplas Arnaut Guilhem Delacort XVe Arnaut Guilhem Delacort
31 Marquefave Guilhem Fabri ou Ferpastel XVe Guilhem Fabri ou Ferpastel
31 Montgaillard-Lauragais James Jean Beret fin XVe James Jean Beret
31 Rieux Dolba ? 1492 Dolba ?
31 Mailholas Jean Drivot ? début XVIe Jean Drivot ?
31 Toulouse Hôtel-Dieu 1610
09 La Bastide-de-Besplas 1624 à La Bastide-de-Besplas
31 Puydaniel Jean-Michel Lionnois 1653 Jean-Michel Lionnois
31 Montesquieu-Volvestre Châtelet de Rodez 1805 Châtelet de Rodez
31 Palaminy Dubois d'Alan 1841 Dubois d'Alan
31 Toulouse Notre-Dame-du-Taur XVe à Notre-Dame-du-Taur de Toulouse
31 Toulouse Notre-Dame-de-Nazareth Viguier 1831 Viguier à Toulouse, Notre-Dame-de-Nazareth
31 Portet-sur-Garonne Louison 1844 Louison à Portet-sur-Garonne
31 Toulouse Sainte-Claire Louison 1858 Louison à Toulouse, Sainte-Claire
31 Toulouse Saint-Exupère Amans Lévêque 1877 Amans Lévêque à Saint-Exupère de Toulouse
31 Toulouse Immaculée-Conception (Bonnefoy) Amans Lévêque 1898 Amans Lévêque à Sainte-Thérèse de Toulouse
31 Toulouse Immaculée-Conception (Bonnefoy) Vinel père 1898 Joug Vinel à Toulouse, Sainte-Thérèse
31 Peyssies 1903 à Peyssies
31 Toulouse Sainte-Thérèse Amédée Vinel 1933 Amédée Vinel à Toulouse, Sainte-Thérèse
31 Portet-sur-Garonne Paccard 1933 Paccard à Portet-sur-Garonne
31 Toulouse Notre-Dame-du-Rosaire (Dominicains) Paccard 1958 Paccard à Toulouse, Notre-Dame-du-Rosaire (Dominicains)
31 Toulouse Sainte-Thérèse Robert et Jean Bollée   Robert et Jean Bollée à Toulouse, Sainte-Thérèse
Robert et Jean Bollée à Toulouse, Sainte-Thérèse
31 Portet-sur-Garonne Paccard 1975 Paccard à Portet-sur-Garonne

Cloches d'argent

Plusieurs légendes rapportent l'histoire de ces cloches fondues avec l'apport en or et en argent des paroissiens, leur conférant alors une sonorité extraordinaire et sublime... C'est le cas de l'Augustine, dont on louait encore en 1876 la puissance et la beauté du son, perdues après son transfert à la Cathédrale de Toulouse 2 ans auparavant.

Il se peut tout d'abord que le terme « argent » soit à prendre au sens large, celui des pièces de monnaie (celles n'ayant plus cours sans doute, l'ancêtre de l'opération Pièces Jaunes en quelque sorte), pas forcément faites du métal argent. Ensuite, des analyses du métal de ces cloches dites « d'argent » encore existantes (en 1831 pour celle du beffroi de Rouen, en 1914 pour celle de la prison St-Lazare de Paris) ont démontré l'absence d'argent dans leur composition chimique.

Or nous savons que le fondeur itinérant, quand il creusait la fosse pour accueillir les moules des cloches, prévoyait une cavité pour recevoir les monnaies et autres petits ustensiles en métal précieux... qu'il récupérait une fois la coulée du bronze terminée ! Ainsi l'apport en nature des souscripteurs de la cloche ne venait-il pas corrompre la qualité de l'alliage voulu par le fondeur.

Enfin certains fondeurs, comme le Belge Sergeys au début du XXe siècle, peignaient à la peinture d'argent certaines parties décoratives de la cloche, pour la cérémonie de bénédiction. Le but était sans doute d'impressionner l'assemblée des fidèles et d'influencer leur perception future de la qualité sonore de la cloche...

D'après Patrimoine campanaire n°84, janv.-avril 2017.

Cloches et Monnaies

Nous savons depuis 1791 et une étude menée par l'abbé Alexis-Marie de Rochon, que le métal des cloches n'est pas bon pour frapper monnaie. Ainsi, cette pratique initiée en 1789 a été abandonnée en 1798, soit moins de 10 ans après. En effet, bien que les couleurs de l'airain et de la monnaie billon soient similaires, l'airain est trop cassant pour tromper le citoyen avec une monnaie à moindre coût : il était d'usage de croquer la pièce pour en vérifier la qualité.

Henri Petit, numismate dijonnais, précise : « La monnaie de billon est composée d'environ 4/5e de cuivre et d'1/5e d'argent. [...] Le métal de cloches est composé de 5/6e de cuivre et d'1/6e d'étain, mêlé avec un peu d'antimoine. Ce mélange rend ce métal très cassant. [...] Or il n'existait à l'époque aucun procédé permettant de le rendre malléable et autoriser ensuite sa frappe au balancier. ».

D'après Patrimoine campanaire n°84, janv.-avril 2017.